Le développement
De nombreuses maquettes à l’échelle 1 furent alors construites en argile, bois et époxy. A ce stade, certaines caractéristiques propres à la 480 furent introduites : les phares escamotables, la calandre placée sous le pare-chocs avant, ainsi que la serrure qui a été placée dans un endroit peu courant. Cet emplacement est dû au fait que les techniciens ont dit ne pouvoir faire un mécanisme de vitre suffisamment solide sans qu’une partie du guide de la vitre ne soit visible (au passage, notez que ce triangle a un côté parallèle avec la vitre triangulaire à l’avant de la porte). Une fois ce triangle mis en place, les stylistes s’en sont alors emparés, en particulier Robert Koch : «si cette chose doit être placée là, je veux que la serrure soit dedans». Un des aspects positif de cet emplacement est que la serrure est alors située à une hauteur plus pratique et que l’on ne risque pas de rayer la peinture lors de l’ouverture ou la fermeture de la voiture. Elle est aussi directement liée au mécanisme de fermeture. Cette solution fut immédiatement approuvée. Une autre caractéristique retenue alors fut le prolongement de la lunette arrière par les blocs optiques ainsi que l’adoption d’un essuie-glace intégré.
Autre choix retenu : les pare-chocs. A ce sujet, M. Koch admet qu’ils ne sont pas la partie la plus esthétique de la voiture mais, qu’en revanche, ils permettent d’identifier le véhicule comme étant de la marque Volvo. «Nous avions les moyens techniques nécessaires pour réaliser des pare-chocs comme sur une Porsche, où ils semblent faire partie intégrante de la carrosserie, mais notre solution à l’avantage qu’ils peuvent être abîmés sans qu’il n’y aie de dégâts sur la carrosserie proprement dite.» Par exemple, les pare-chocs sont principalement fait de matériaux composites. “Principalement” parce qu’ils sont renforcés par une structure métallique permettant d’absorber un choc à 8km/h (pour répondre aux normes américaines de 5mpH). Ces pare-chocs ont été retenus puisqu’il était convenu que toutes les 480 seraient les mêmes pour tous les pays. Ainsi, les modèles européens sont tous équipés d’une telle structure.
Ce que l’on remarque immédiatement sur la voiture, c’est son capot long et plongeant, ainsi que ses phares escamotables. «Nous avons voulu accentuer l’aérodynamisme de la voiture. Ce que nous voulions éviter c’était la VW Sirocco, certes sportive, mais qui ne reflète aucun dynamisme lorsque vous apercevez sa calandre et ses phares classiques dans le rétroviseur. Nous voulions conserver l’image sportive du véhicule.» Le capot en fibre de verre utilisé pour la 480 possède aussi une solide structure interne. Il est difficile de voir la différence entre un capot SMC (Sheet Moulded Compound) et un capot en tôle classique. Mr Koch : «nous avons choisi une solution qui offre les avantages d’un capot en matériau de synthèse, mais qui ne nécessite pas de précautions particulières de la part des utilisateurs.»
L’aérodynamique a aussi été un critère primordial de conception de la 480. Pourtant, une chose remarquable est que la voiture n’a pour ainsi dire pas de spoiler ou d’accessoires aérodynamiques. Mr Koch : «les accessoires aérodynamiques sont dans le design en lui même. Les voitures auront de moins en moins d’accessoires avec leur dessous qui deviendra de plus en plus plat. Vous voyez souvent un spoiler à l’avant pour empêcher l’air de rentrer sous le châssis afin qu’il ne crée pas de turbulences, mais lorsqu’il n’y a presque rien sous la voiture qui gêne la circulation de l’air, cet accessoire devient superflu.»
Cela nous amène au coefficient de pénétration dans l’air (Cx) de la voiture. Volvo admet modestement un Cx en dessous de 0.34, valeur qui n’apparaît pas très basse. Mais Rob Koch sait de quoi il parle : «Les valeurs données pour la plupart des véhicules ne sont en fait valables que pour des prototypes sans gouttières, ou un seul rétroviseur, ou encore avec des pneus très fins. Vous devez toujours garder à l’esprit ce que vous comparez. Honda a annoncé la même valeur de Cx pour l’Aerodeck que Volvo pour la 480 mais après comparaison dans une soufflerie, l’Aerodeck à en fait un Cx de 0.37, une fois équipée de la même manière que la 480.»
Les jantes en alliage d’aluminium de 14 pouces Pollux qui équipent les 480 ES d’origine ont également été dessinées à Helmond. Cinq bâtons, parce que toutes les jantes en alliage d’aluminium en ont 5, avec une encoche entre le rayon et le bord. Encoche que l’on retrouve, certainement pas par hasard, sur le volant.
Ceci nous amène à l’intérieur de la voiture. Devant le conducteur, un tableau de bord «flottant» a été mis, qui fournit au conducteur toutes les informations dont il peut avoir besoin. Rien n’est situé en dehors de ce tableau de bord. Ceci confère à la voiture une impression d’espace. C’est également pourquoi les couleurs ont été choisies relativement claires, sans pour autant causer de reflets gênants sur le pare-brise. Une barre est fixée au tableau de bord, là encore pour répondre aux normes américaines. Ce qui fait que la boîte à gants est un peu petite mais ceci est compensé par de nombreux autres rangements, dans les portes, et dans les deux accoudoirs. Chaque passager possède son propre siège et les passagers arrière ont même la possibilité de régler le leur.
L’intérieur fournit une impression de bonne facture. Ceci à grandement été effectué grâce à Corien Pompe, responsable des tissus, des finitions et plus. Comment est-elle parvenue à coordonner la voiture ? Corien Pompe : «nous avions des règles pour cela. Pour les couleurs, nous avions pris en compte le fait qu’il existe des couleurs plus dures mais aussi des plus douces. Par exemple, si vous mettez un liseré gris autour d’une surface, vous aurez tendance à l’adoucir alors qu’un bord noir la durcira.» Corien est très satisfaite du résultat de son travail dont bon nombre de détails ne seraient pas remarqués par un non averti. Corien a disposé d’une fabrication spéciale de tissus, une sorte de velours froissée qui rend très bien dans la voiture. Mais elle est encore plus charmée pas l’intérieur dans son ensemble : «je pense que les matériaux utilisés sont très modernes. C’est dont je suis satisfaite. De très bons matériaux ont été utilisés.»
Ce qui est aussi important, c’est que le même soin a été apporté à tout l’intérieur, ce qui procure une certaine unité entre l’intérieur et extérieur, entre matériaux doux et durs. Corien a dit à ce sujet : «vous devez communiquer entre l’intérieur et l’extérieur, votre but est d’être une unité. Ce n’est pas un intérieur et un extérieur mais un ensemble, un seul et même produit.»
Corien avait également travaillé sur des intérieurs cuir-alcantara mais ceux là ne satisfaisaient pas les critères de qualité de Volvo.
En 1982, la voiture a reçu son premier moteur, et les premiers essais sur route ont été entrepris principalement aux Etats-Unis. Mais à cette époque quelques problèmes survinrent. Surtout en raison du taux de change USD défavorable, il devenait improbable que la voiture soit vendue aux Etats-Unis.
Avant son lancement en 1986, la voiture s’envola à bord d’un avion de la KLM pour subir des tests dans le désert australien. Ces essais avaient pour but de tester la climatisation et la tenue à la chaleur des plastiques de l’intérieur. En effet, il peut faire jusqu’à près de 50°C dans ce désert. Ce ne fut pas un travail facile.
La voiture de test était accompagnée d’autres voitures qui transportaient ingénieurs, techniciens et mécaniciens. Cela pour que, si la voiture tombe en panne, elle puisse être réparée sur place, sans devoir appeler de mécanicien extérieur afin que personne ne voie la voiture avant sa sortie. Il y avait aussi une grande remorque dans laquelle la voiture était montée pour y être cachée lors des transports. Volvo voulait à tout prix éviter que la presse ne prenne des photos sans y être autorisée.